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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 12:53

 

Romulus dormait dans la chambre de son palais, à Rome. Sur le mur, une fresque représentait Thésée combattant le Minotaure avec à ses côtés Athéna. Le tyran rêvait. Il voyait le Sénat devant lui, n’ayant aucun pouvoir, le peuple soumis, et il imaginait Rome, qu’il avait fondée, de plus en plus puissante, jusqu’à ce qu’elle surpasse toutes les autres cités. Dans son rêve, il se retrouva dans sa chambre. Dans l’ombre, il vit quelque chose bouger contre le mur. Il tourna la tête et vit Thésée se détacher de la fresque et s’approcher de lui. Il était grand et son visage respirait le courage et l’intelligence. Le Romain admira ce héros ; lui, à cinquante-quatre ans, il avait déjà accompli ses plus grands exploits et il ne pensait qu’au plaisir. Thésée prit la parole :

« Salut Romulus, je suis Thésée, le roi d’Athènes.

- Salut Thésée, répondit l’orgueilleux Romulus, pourquoi viens-tu me voir ?

- Je suis mort il y a bien longtemps, déclara Thésée, et j’ai pu acquérir encore plus de sagesse que pendant ma vie. Je te regarde depuis que tu as fondé Rome et je constate que tu ne suis pas le bon chemin. Je viens t’inciter à la sagesse et à la clairvoyance.

- Pourtant, contesta Romulus, beaucoup de gens déclarent que nous avons de nombreux points communs. Nous sommes tous deux fils de dieux, toi de Poséidon, moi de Mars. Nous avons tous deux accompli de grands exploits et combattu des brigands.

- Oui, répliqua Thésée, mais toi tu as tué des brigands et tu as battu Amulius par peur de la mort, moi j’ai nettoyé les chemins de Grèce infestés de brigands et j’ai tué le Minotaure par ma propre volonté, pour rendre les hommes plus heureux, meilleurs et plus libres. Mais ce n’est pas pour cela que je suis venu te voir. J’ai fondé Athènes, toi tu as fondé Rome. Aucun de nous n’a gardé une monarchie mais quand je suis revenu à Athènes, après tous ces exploits, j’aurais pu régner en maître mais je suis le défenseur des lois en danger, j’ai réalisé le synoecisme en réunissant tous les dèmes de l’Attique, puis j’ai donné au peuple la liberté et l’égalité des suffrages. J’ai installé ainsi les premières bases de la démocratie. Toi, tu as forcé les populations vaincues à supporter ton autorité et tu as installé le pouvoir le plus funeste à une cité : la tyrannie.

- Je respecte ton avis mais, selon moi, la tyrannie n’est pas une mauvaise chose. Pour faire vivre un peuple, il faut une personne autoritaire et puissante. Là où le peuple est le maître, le désordre et le chaos s’installent. Le peuple ne peut pas se gérer seul.

- Athènes cependant sera de plus en plus puissante car, animé par le sentiment et les valeurs démocratiques, son peuple résistera et vaincra les peuples barbares justement dirigés par des rois ou des tyrans. Le monde imitera la culture hellène. Si tu te comportes en démocrate et non comme un tyran, Rome pourra aussi être un exemple de liberté et d’égalité. A Athènes, lors d’une Assemblée, ceux qui voudront proposer quelque chose pour le bien de la patrie se feront connaître, les autres se tairont. Mais toi, tu es enorgueilli par la réussite, tu as adopté les manières d’un tyran, oubliant tes manières démocratiques.

- J’ai tout de même installé une démocratie à Albe, se défendit le Romain. Lorsque mon grand-père, Numitor, est mort, j’ai donné le pouvoir au peuple. Pour prendre le pouvoir, j’ai dû fonder une ville et même tuer mon frère Rémus. Toi, tu as simplement oublié de changer la voile noire sur ton bateau revenant de Crète ; ton père est mort et tu n’avais plus qu’à prendre le pouvoir.

- Justement, dit Thésée, j’aurais pu faire comme toi et conserver une tyrannie mais j’ai donné le pouvoir au peuple tout en restant gardien des lois et chef militaire. J’ai fondé une cité. Dans cette cité, il y a des lois écrites et chaque citoyen peut prendre la parole. Le pauvre peut répondre au riche qui l’insulte. »

Romulus réfléchit longtemps. Il essayait de se représenter les deux pouvoirs. Il n’arrivait pas à se dire qu’il pouvait faire comme Thésée. Il était trop attaché au pouvoir.

« Tu irrites et tu affliges tout le monde, continua Thésée. J’ai porté l’audace, la générosité, le sens de la justice envers la communauté et le désir de gloire et la vertu à un point élevé.

- Mais tu n’as pas été parfait : tu as tué ton fils, Hippolyte.

- Je l’ai maudit à cause des calomnies d’une femme mais je m’en repens amèrement, répondit tristement Thésée.

- Tu as aussi enlevé des femmes : Ariane, Antiope, Hélène, provoquant des guerres qui ont mis l’Attique en danger. Si j’ai enlevé les Sabines, c’était pour fonder une communauté et non pour chercher le plaisir brutalement. Tu n’es pas sans défauts.

- Peut-être, mais j’ai accompli un exploit qui sera important dans le monde entier. Plus tard, les peuples se révolteront contre les tyrans qui les oppriment et demanderont une démocratie.

- Mais quand tu es descendu aux Enfers et que tu y es resté prisonnier, le peuple s’est retourné contre toi.

- C’est Ménesthée qui a fait toute une propagande contre moi. C’est par sa faute que j’ai dû partir pour Scyros. Le peuple sera aussi mécontent de toi si tu restes un tyran. Je veux te convaincre de tes torts. J’ai réuni les dèmes de l’Attique puis j’ai laissé le peuple gouverner seul. Œdipe et sa fille sont venus chercher un asile à Athènes ; les sept mères des soldats morts sous les murs de Thèbes sont venues me demander d’aller chercher leurs corps. Le Gymnase où sont mes ossements sert de refuge aux pauvres et aux opprimés.

- Quand j’ai fondé Rome, je voulais en faire une cité libre mais je me suis attaché au pouvoir.

- Il est encore temps pour toi d’accomplir un exploit qui fera de Rome une cité puissante et exemplaire. Mais fais comme tu veux, Romulus. J’espère au moins t’avoir montré le droit chemin. Peut-être nous reverrons-nous aux Enfers, sur les bords du Styx. »

Thésée se mit à reculer lentement vers le mur, en fixant Romulus qui était plongé dans ses pensées. Ayant atteint, il se figea à sa place sur la fresque.

Romulus se réveilla en sursaut. Le jour se levait, illuminant le Palatin d’une douce lumière. Mais le tyran ne fit pas attention à ce spectacle, trop occupé par le songe qu’il venait de faire. Il regarda la fresque et crut voir Thésée esquisser un petit sourire.

Clotilde L. D.

 

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 10:59

Thème de recherche du concours national de civilisations grecque et latine de l'association Athéna 2012.

 

Les pistes à suivre sur ce blog :

 

- sur la page Ressources, catégorie "Oeuvres en rapport avec l'Antiquité" :

- la Vie de Thésée de Plutarque,

- la Vie de Romulus et

la Comparaison de Thésée et de Romulus de Plutarque

- les tragédies Les Suppliantes et Hippolyte d'Euripide

et Oedipe à Colone de Sophocle,

Phèdre  de Jean Racine

 

- sur la page Ressources, catégorie "Ressources pédagogiques", un lien vers le site des Langues anciennes dans l'académie de Nancy-Metz, page consacrée aux représentations antiques d'Ariane et de Thésée

 

- sur la page L'Antiquité en images, articles "Thésée" et "Ariane" dans "Oeuvres modernes" et "Oeuvres antiques"

 

- dans les Comptes Rendus de lecture, la présentation des livres

Thésée revenu des Enfers de Hector Hugo,

Ariane contre le Minotaure de Marie-Odile Hartmann

 

et pour commencer les recherches hors de ce blog :

 

l'article "Thésée" de Wikipedia

 

Thésée combat le Minotaure Louvre

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 18:13

Cicéron se promenait sur l’agora d’Agrigente. Il attendait quelques amis venus de Syracuse et de Lilybée. Ses amis arrivèrent un par un et Cicéron les accueillit chaleureusement.

« Salut Gracios ! Tu es venu de Syracuse, la plus grande des villes grecques et la plus belle de toutes. Bonjour, Augustus Tullius Americus de Lilybée où j’ai été propréteur.

- Bonjour, Marcus Tullius Cicéron, lui dit Americus, je te remercie de m’avoir invité à Agrigente. Je n’y étais pas allée depuis longtemps. Ton plaidoyer contre Verrès s’est bien passé ?

- Oui, je te raconterai cela quand tous mes amis seront là. Bonjour, Archios et Myscellios de Syracuse ! Salut, Marcellus Augustus Tycalus, je suis très heureux de te revoir ! »

Les amis étant au complet, ils se promenèrent dans la ville. Cicéron se mit à parler de Verrès :

« Ce propréteur est condamnable mais je reconnais tout de même qu’il représente bien le Romain passionné par l’art grec.

- Mais, rétorqua Tyscellius, il est tout de même coupable de méfaits impardonnables. Regardez, n’est-ce pas le temple d’Hercule que l’on distingue au loin ? Verrès a forcé ce temple avec ses sbires pour le piller. Même l’amateur d’art le plus fou n’aurait pas osé le faire.

- L’art que les Grecs ont apporté, répondit calmement Cicéron, leur science, leur littérature, leurs institutions, tout cela ne justifie-t-il pas la fascination des Romains et des peuples d’Italie ? Alors que nous avons été en proie aux tyrannies les plus dures avant que Rome ne vienne imposer sa paix ?

- Les Grecs nous ont apporté beaucoup de choses, répondit Gracias, regardez Syracuse, comme Agrigente, elle possède de magnifiques constructions grecques. Des temples, des théâtres, tout cela est magnifique mais nous n’avons pas eu la paix pour autant.

- Et nous, Romains, inspirés par les Grecs, nous avons ajouté des amphithéâtres, des portiques et des thermes, déclara Tyscellius.

- Je suis d’accord avec Gracios, déclara Americus, de nombreux tyrans ont instauré la cruauté dans ces colonies. Prenez Phalaris, son histoire très cruelle.

- Quelle est cette histoire ? demanda Myscellios. Je ne la connais pas.

- Phalaris avait fait faire un taureau en bronze où il mettait les personnes qu’il désirait tuer et allumait un feu en dessous. La personne brûlait à l’intérieur du taureau.

- C’était cruel, j’en conviens, répondit Archios, mais il y eut aussi de bons tyrans. Il y a eu Théron à Agrigente et le sage Timoléon à Syracuse. Théron s’est battu contre Himère et Timoléon, doté d’une étonnante grandeur d’âme, a chassé Denys qui était mauvais.

- Les Romains n’ont pas tout arrangé, dit Cicéron. Ils ont détruit Agrigente comme ils avaient détruit Corinthe auparavant. Pour moi, les Grecs ne sont pas les plus barbares car ils ont tout de même apporté leur culture.

- Tu as tout à fait raison, déclara Archios. Lorsque Archias est venu pour fonder Syracuse, il a apporté aux autochtones des vases, des statues, de nouvelles techniques de construction… Il a modernisé les indigènes tout comme l’oikistès qui a fondé Agrigente a enseigné sa culture aux Sicules qui habitaient là. »

Tout en devisant, les promeneurs s’étaient éloignés de la ville et approchaient de la vallée des Temples.

« Regardez le temple de la Concorde, s’exclama Tycalius, ce temple n’est-il pas magnifique avec son fronton, ses métopes sculptées et ses colonnes doriques ? Et les merveilleux vases de céramique à figures rouges et noires, les sculptures en or, en marbre et en bronze. Ce sont les Grecs qui ont apporté tout cela. Toutes ces œuvres d’art valent que les Romains s’en passionnent.

- Les Grecs ont aussi apporté la science, déclara Cicéron, regardez Empédocle, ce savant végétarien, et aussi Archimède. Le soldat romain qui l’a tué n’a-t-il pas accompli un acte barbare ? Archimède était plongé dans ses réflexions et le soldat ne l’a pas reconnu.

- Il y eut aussi la littérature, dit Myscellios, mais nous avons eu Eschyle et ses tragédies, Pindare et ses poèmes célébrant les athlètes vainqueurs.

- Les Romains sont des barbares du point de vue littéraire, artistique et scientifique, résuma Americus, c’est aux Grecs que nous devons notre culture mais les colonies ont eu beaucoup de problèmes vis-à-vis des tyrans et des guerres.

- Oui, dit Tycallius, les colonies ont été détruites plusieurs fois par les Carthaginois et les Romains et ce sont les Romains qui ont tout de même fini par faire la paix.

- Mais il reste toujours des personnes barbares, Verrès en est un exemple. Il peut être fou d’art grec, cela n’empêche que piller les maisons et forcer les temples sont des actes à éviter, rétorqua Archios.

- Je trouve que Verrès est aussi une preuve que les Romains sont passionnés par ce qui est grec, dit Cicéron, comme vous l’avez dit, l’art, la science et la littérature inspirent les Romains. Pour ce qui est des guerres et des tyrannies, les apoikias (colonies) ont eu du mal à s’en sortir. Il faut dire qu’elles étaient indépendantes de leurs cités-mères. Elles n’avaient pas la même façon de gérer la ville. Elles ont donc eu plus de mal à se défendre contre les tyrans qui les gouvernaient et les guerres. Elles ont d’abord chassé les indigènes puis elles ont instauré des tyrannies cruelles. Phalaris est le meilleur exemple.

- Le peuple a pourtant lapidé Phalaris, rappela Americus, le peuple n’était donc pas si barbare et les tyrans en ont terni la grandeur. Syracuse a prospéré grâce au blé, Agrigente grâce au vin et à l’huile. Elles sont devenues deux cités importantes mais les tyrans n’ont pas su les gouverner et les ont abandonnées aux mains des Romains.

- Ils se sont tout de même bien défendus, dit Gracios. Syracuse n’est tombée qu’après trois ans de résistance grâce au génie d’Archimède.

- Malgré la guerre, les cités se sont bien développées, déclara Archios. Géla, la métropole d’Agrigente, est elle-même une colonie de Rhodes. Cela montre que les colonies ont grandi et prospéré.

- Vous êtes donc tous d’accord sur le fait que les colonies ne sont pas barbares, conclut Cicéron. Rome est barbare et elle s’intéresse à la culture grecque. »

Ils marchèrent quelque temps en silence. Le soleil couchant illuminait la vallée des temples donnant ainsi l’impression qu’elle était en feu.

« Les Romains se sont conduits en conquérants et sans aucune culture, dit Cicéron.

- Oui, l’apport hellénique est un gain pour nous, déclara Tyscellius.

- C’est un enrichissement, dit Archios. Toi, Cicéron, tu as fait des études de rhétorique. Cela montre bien que la culture grecque est présente. »

Ils arrivaient à la maison de Cicéron. Ils se dirent au revoir et chacun se dirigea vers son insula en pensant à la conversation qu’ils venaient d’avoir.

Clotilde L. D.

 

 

 

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 19:46

     Par un bel après-midi d’été, Cicéron se promène dans l’agora d’Agrigente où il attend certains de ses amis. Il est venu dans cette merveilleuse ville de Sicile pour constater les pillages du propréteur Verrès qui a pris son ancienne fonction. Cependant il en profite pour se reposer suite au procès.

« Cicéron, s’exclame une jeune personne depuis un portique.

- Thépidias, mon vieil ami, lui répond Cicéron d’un air joyeux, cela faisait longtemps.

- Oui, n’est-ce pas une belle journée qu’aujourd’hui ? lui dit-il, les autres ne devraient pas tarder. Tiens, quand on parle du loup…

- Et Cicéron, comment vas-tu ? demande Julius Augustus accompagné de Marius Claudius, fonctionnaires haut placés de Rome installés à Syracuse.

- Très bien, et vous ? Tout se passe bien à Syracuse ? répondit Cicéron.

- Mieux que toi, je pense, dit-il. Que ressens-tu en regardant la cité que l’illustre Pindare qualifiait de « plus belle des cités mortelles » ? Tu l’as si bien dirigée pendant des années et elle a été pillée par ce barbare de Verrès qui a forcé avec ses sbires les portes du temple d’Hercule et dérobé la statue divine.

- Cela m’accable en effet, mais il ne va pas s’en sortir indemne avec ce procès. Que justice soit faite dans notre civilisation, s’exclama le grand avocat. Certes il aime les Grecs, mais il doit y avoir des limites. Ce serait plus raisonnable de respecter ces beautés en les préservant plutôt qu’en les pillant…

- Je pense exactement la même chose, dit Marcus Claudius très convaincu de ce qu’il venait de dire. Les Grecs ont apporté la science dans ces contrées lointaines. Empédocle, un homme que j’admire beaucoup, était un sage. Sa théorie des quatre éléments a révolutionné la conception physique du monde et de la vie. Ce fut un défenseur de la démocratie et un bienfaiteur pour la ville, pas comme ce détestable Phalaris.

- Oui mes amis, souvenez-vous de cette œuvre d’art, ce taureau d’airain qu’il a commandé aux savants pour la mettre au service de la barbarie. Il y enfermait ses opposants et les faisait rôtir pour son plaisir cruel. Néanmoins il fut lapidé par le peuple en pleine agora. La démocratie était vainqueur sur la tyrannie », reprit Julius Augustus.

Ils se dirigèrent ensuite vers les temples pour les admirer. Ils furent impressionnés par le magnifique temple de la concorde et ses métopes sculptées, le vieux temple d’Hercule, et s’arrêtèrent un moment au pied des colonnes doriques de ce temple. La conversation reprit.

« Tu as raison, Marcus, mais les Grecs ont aussi, surtout en Grande Grèce, fait des guerres contre les autochtones. Lorsque venus de leur métropole les oikistes prenaient possession du pays en tuant les indigènes. Ils les massacraient et incendiaient leurs habitations pour qu’ils puissent s’y installer, protesta Thépidias.

- Les Romains ne sont-ils pas aussi des barbares ? demanda Cicéron. Par Hermès, combien de savants ont-ils tués ? Rappelez-vous d’Archimède qui était dans ses pensées quand un soldat le tua sans aucune forme de procès. Heureusement que le Général lui rendit des funérailles honorables.

- C’est même toi qui as découvert sa sépulture, dit Marcus.

-Laissons cela, dit modestement Cicéron, souvenons-nous aussi que les Romains ont détruit les temples d’Agrigente lors du siège contre les Carthaginois. Ils ont détruit la ville comme plus tard ils détruiront Corinthe, la métropole de Syracuse, ou même Carthage. »

Soudain un étranger leur dit :

« Oui, mais les Grecs ont aussi installé dans leur civilisation la culture, la philosophie. Ils ont apporté leur savoir, et nous sommes devenus très commerçants avec les autres grandes cités de Méditerranée.

- Certes, mais ils ont colonisé dans la tyrannie et Phalaris comme d’autres tyrans ont soumis les autochtones et les ont massacrés, répondit Marcus.

- Phalaris est un mauvais exemple, rétorqua l’étranger. Théron et Gélon vainquirent les Carthaginois à Himère. Timoléon a aussi chasse Denys le jeune et a dirigé Syracuse dans une hégémonie bienfaisante. Platon n’ayant même pas pu convertir Denys à la sagesse.

- Regardez la frise du temple de la concorde, elle rappelle que les Grecs ont conquis ces territoires par la mer en bleu et en tuant les indigènes sanguinairement par le rouge, rétorqua Marcus.

- Mais c’est grâce à cela que la Grèce diffuse sa culture, que Rome s’en inspire et que les Romains viennent s’y instruire. J’ai moi-même été à Rhodes faire mes études d’orateur, répondit Cicéron, Caton est un rude soldat mais Rome par ses conquêtes ne doit pas simplement dominer militairement le monde, elle doit aussi l’instruire et le cultiver. L’échange avec l’étranger ne doit pas simplement être une perte d’identité mais un gain, un enrichissement. Rome a vaincu la Grèce dans ses colonies mais par sa culture la Grèce vaincue a conquis son auguste vainqueur. »

Depuis l’agora, ils admirèrent au loin l’Acropole et le soleil qui se couchait avant de se lever sur des jours pleins de promesses.

Paul R.

 

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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 12:26

 

Thème de recherche 2012 : THESEE

 

Selon le mythe, Thésée est le jeune héros audacieux et aventureux qui pour le bien des hommes et des femmes de son pays combattit, vainquit et tua en Crète le Minotaure. Echappé des pièges du labyrinthe, il fonda Athènes, capitale de l’esprit, et mit en place les bases d’une démocratie future. 

 

On pourra donc s’intéresser dans cette étude à l’enfance de Thésée à Trézène, à ses aventures et à ses exploits dans le Péloponnèse et en Attique où il soumit les brigands. On pourra bien sûr suivre ses aventures en Crète, évoquer sa descente aux Enfers, son amitié avec Pirithoos, son enlèvement d’Hélène, mais aussi étudier son statut de héros athénien par excellence : vaillant rassembleur de cités, il s’éloigna du régime monarchique, introduisit la liberté de paroles à Athènes et, quoique antérieur à la démocratie, il fut selon la tradition athénienne du Vème siècle tenu pour le fondateur et représentant symbolique de l’esprit démocratique. 

 

C’est cette dernière image de Thésée, adulte et sage, qui pourra être l’objet d’une étude plus approfondie. On pourra ainsi lire avec profit la pièce d’Euripide, Les Suppliantes et insister sur le rôle politique de Thésée, sur sa réforme de la monarchie et sa critique de la tyrannie. 

 

Il sera également intéressant pour les élèves de lire les Vies parallèles de Thésée et de Romulus de Plutarque et de s’interroger sur les points communs des deux héros : fils de dieux, voleurs de femmes, fondateurs de cités illustres : l’un et l’autre ne gardèrent pas le titre de roi et malgré des choix qui furent parfois contraires, ils restèrent les ardents défenseurs d’un pouvoir populaire qui lutte contre toute forme d’oppression ou d’autorité excessive ; lutte ô combien d’actualité pour la jeunesse d’hier et d’aujourd’hui. 

 

L’Histoire des Arts fournira de nombreux supports céramiques qui se sont largement inspirés du mythe de Thésée.

 

Accéder à la page de Thésée

 

Thème de recherche 2011 : LA COLONISATION GRECQUE 

 

Dans un souci de simplification, le thème laisse délibérément de côté les premières formes de précolonisation et s’attache aux migrations de la grande période, mieux connue, qui commence au milieu du VIIIème siècle. On s’attachera d’abord à l’étude des causes de ce vaste mouvement (sécheresse, disette, surpopulation, luttes intestines…), à ses modalités et au rôle des villes métropoles, voire parfois des oracles. Mais il faudra naturellement découvrir l’ampleur des échanges qu’elle va permettre en Méditerranée : l’établissement de voies commerciales vers les côtes occidentales, l’organisation de véritables empires militaires et politiques (Athènes, Corinthe…), mais aussi l’extension de la Polis et les relations avec les peuples indigènes. C’est ainsi que la Grande Grèce et la Sicile pourraient particulièrement faire l’objet d’études approfondies, parce qu’elles devinrent très tôt le centre d’une brillante civilisation : philosophie, littérature, céramique, sculpture s’y développèrent de façon souvent très originale. L’intérêt pour la Grande Grèce et la Sicile est d’autant plus grand qu’elles jouèrent un rôle non négligeable dans le développement économique, politique et intellectuel de Rome, au point d’être un enjeu majeur et constant de sa politique.

 

Cette année encore le thème pourra donner lieu à des études en lien avec l’enseignement de l’Histoire des Arts.

 

Sur la Grande Grèce : Magna Grecia

 

Thème de recherche 2010 : LE SIECLE DE PERICLES

 

Qu'est-ce que "le siècle de Périclès" ? Un siècle d'or que tant d'épigones chercheront à imiter, Auguste à Rome, Philippe II en Espagne, Louis XIV en France, Frédéric II en Prusse, Pierre le Grand en Russie ? Une expression abusive des historiens ? Une conjonction prodigieuse de réussites ?

Il faudrait tout d'abord expliquer ce qu'il fut, pourquoi Athènes devint "l'école de la Grèce", analyser sa puissance hégémonique, le rôle de la Ligue de Délos, se familiariser avec les créations artistiques et intellectuelles restées comme modèles pour l'éternité (Théâtre, Histoire, Philosophie, Architecture, Sculpture, Peinture, Céramique...), s'interroger sur la notion de classicisme et la place de l'Homme "mesure de toute chose", se demander pourquoi ces cinquante années restent attachées au nom d'un homme qui sut s'entourer des meilleurs esprits, ne pas oublier non plus les aspects les moins glorieux, tels que l'esclavage ou l'impérialisme athénien...

Enfin se convaincre que c'est au Ve siècle que s'affirme le discours qui "dit l'Homme" et fait de l'art de raisonner la clé de sa pensée libre ; en effet sans les rhéteurs et les sophistes, les plus grands créateurs n'auraient pas atteint ce degré de perfection qui assura la suprématie d'Athènes et le développement intellectuel qui reste un modèle pour les cultures occidentales.

 

Accéder à la page du Siècle de Périclès

 

Thème de recherche 2009 : ALEXANDRIE, ENTRE ANTIQUITE ET TEMPS MODERNES 

 

A l'heure où l'on envisage de créer une "Union Méditerranéenne", il peut paraître intéressant de se pencher sur la ville qui, fondée par la volonté d'un homme, Alexandre le Grand, profita de sa situation au carrefour de trois continents pour devenir un lieu exceptionnel d'échanges commerciaux et culturels.

Capitale de l'Hellénisme, elle reste puissante sous la domination romaine, se révèle un centre majeur de la diffusion du Christianisme, et demeure, aujourd'hui, après les avatars de diverses conquêtes, l'un des plus importants ports de la Méditerranée.

Même en se limitant aux périodes grecque et romaine, on aura plaisir à faire découvrir l'urbanisme déjà moderne qu'Alexandre confia à Dinocrate de Rhodes, mais aussi les magnifiques monuments qui pendant toute l'Antiquité vinrent progressivement embellir la vaste ville (Palais Royal des Ptolémée, maisons à étages, le Phare, les ports, le Musée et sa Bibliothèque...).

Mais, plus que tout sans doute, ce sont les sciences qui se développèrent autour d'Alexandrie, et cela pourra donner lieu à un intéressant travail interdisciplinaire. Ptolémée attira très tôt d'illustres médecins, mathématiciens et astronomes : Euclide et la géométrie, Apollonios de Perga et les sections coniques, Hipparque et la trigonométrie, Archimède le mathématicien et physicien, Aristarque de Samos et Eratosthène pour les raisonnements sur la terre et les étoiles...

La poésie, quant à elle, même si elle s'adonne un peu trop souvent au goût de l'érudition, compte des noms aussi illustres que ceux de Callimaque, d'Apollonios et de Théocrite.

Il serait certainement difficile de se priver du plaisir d'évoquer César, Cléopâtre, Antoine et Césarion, dont la littérature, et plus encore le cinéma, ont entretenu sinon l'histoire du moins la légende.

On pourra encore faire réfléchir les élèves sur l'exceptionnelle pérennité d'Alexandrie qui, selon André Bonnard, a fait d'elle "la première arche d'un pont jeté entre l'Antiquité et les temps modernes".

 

Lire la Guerre d'Alexandrie du pseudo-César
Aller à la page de la Guerre d'Alexandrie (présentation)



Thème de recherche 2008 : LES ARTS PLASTIQUES DANS L'ANTIQUITE 

 

Une très belle exposition vient d'être consacrée au Louvre à Praxitèle ; le plus passionnant de ce qu'elle donne à voir et à comprendre n'est peut-être pas tant le talent et la manière du célèbre sculpteur que ce qu'il est advenu de ses œuvres dans les siècles qui ont suivi, tant en Grèce qu'à Rome : tantôt pillées, tantôt copiées, toujours admirées, elles font maintenant partie de l'héritage de tous.


C'est la raison pour laquelle nous proposons cette année aux élèves latinistes et hellénistes de 4ème et de 3ème de se pencher sur les arts plastiques dans l'Antiquité : leur fonction religieuse et civique, leur place dans la vie publique et privée, les techniques employées, les artistes célèbres et les anonymes, l'évolution des styles, mais aussi le sort qui leur fut réservé, de siècle en siècle, au cours de l'histoire ; reliques d'un temps révolu, modèles à copier ou à dépasser, ils occupent, depuis leur création, une place importante en Occident.


Plus que pour d'autres thèmes précédemment proposés, l'interdisciplinarité s'impose ; arts plastiques, histoire, et naturellement littérature : les conceptions et la place de l'art dans l'antiquité, les descriptions d'œuvres, notamment de celles qui ont disparu, les enjeux politiques et culturels, particulièrement à Rome (cf. De Signis, de Cicéron, par ex.), à la Renaissance en Europe, ou, plus récemment, en Occident où les modèles antiques ont été souvent utilisés à des fins précises, parfois très éloignées de celles des maîtres grecs.

 

Thème de recherche 2007 : L'ETRANGER DANS L'ANTIQUITE

 

  En choisissant pour le concours ATHENA 2007 le thème de l'Etranger, nous avons voulu, comme souvent, conduire les élèves à une double démarche : d'une part, apprendre à connaître le statut de l'Etranger dans l'Antiquité et ainsi comprendre ce que recouvre la notion d'hospitalité, et, d'autre part, porter un regard plus averti, engager une réflexion nourrie du dialogue avec les auteurs grecs et latins sur les graves questions qui se posent aujourd'hui à notre Europe face aux flux migratoires et aux problèmes d'intégration.

Le thème est très riche, tant chez les Grecs que chez les Romains. On pense bien sûr au statut du "métèque" athénien mais aussi au rôle très important que les étrangers jouent à Rome. Toutefois il serait sans doute aussi très intéressant d'analyser, chez Homère déjà, le lien très étroit entre philos et xénos, et, en latin, le doublet hostis-hostes.

L'étude de ce thème pourra se nourrir de lectures très diverses, montrant tantôt la crainte des bouleversements politiques et moraux que l'étranger apporte avec lui (Cicéron par exemple) tantôt la curiosité et l'envie de s'enrichir (Hérodote, Pline le Jeune par exemple). Ce thème, plus que le précédent sans doute, peut donner lieu à des études interdisciplinaires (IDD) notamment avec les professeurs d'histoire (autour de l'évolution des statuts, au cours des siècles, en Grèce, à Rome et dans l'Empire, des citoyens, métèques, colons, municipes...).

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 15:39

 

Le banquet privé auquel Périclès avait invité les plus grands esprits d'Athènes était prestigieux. Sa maison était sans doute la plus belle de la cité, elle se situait sur les flancs de la colline des Muses face à l'Acropole que l'on voyait parfaitement. Le vin coulait à flot et les convives installés confortablement sur les couches écoutaient la musique divine jouée par de jeunes hétaïres recrutées par Aspasie.

Périclès se leva, attirant l'attention des grands de la salle tels que Sophocle, Phidias, Anaxagore de Clazomènes, Aspasie et bien d'autres. Il dit :

- Mes amis, moi, Périclès, fils de Xanthippe, vous ai invités pour que vous me donniez votre sentiment et votre opinion en but d'améliorer la vie de la cité et de la faire avancer. Cher Phidias, qu'en penses-tu ? Sois franc et sincère.

- Périclès, mon ami, je serai franc. Tu es l'homme le plus admirable et le plus admiré que j'aie vu jusqu'alors. La ville de Pallas que tu diriges avec clairvoyance mais aussi fermeté est devenue l'école de la Grèce et tu en es l'inspirateur. Tu es juste dans tes principes, la modestie dans ton port et ton éloquence sublime inspirent le respect. Tu as contraint toute terre et toute mer à s'ouvrir devant ton audace.

- Mon ami, je te remercie, mais tu es bien modeste. N'oublie pas que si Athènes est devenue la capitale culturelle de la Grèce, c'est grâce à ton génie et à ton talent. Le Parthénon dont tu as supervisé les travaux est le symbole même de la puissance politique et économique de la cité mais aussi de son rayonnement culturel. Ses proportions parfaites suscitent l'admiration. Les métopes que tu as sculptées nous rappellent la victoire des Grecs sur les Perses. Tout comme l'Amazonomachie raconte la victoire du légendaire Thésée sur les farouches Amazones, la centauromachie raconte la victoire de nos cousins les Lapithes sur les Centaures, sans oublier l'Ilioupersis racontant l'incroyable victoire de nos ancêtres les Achéens sur les Troyens. Mais la frise des Panathénées représente tout un peuple libre et joyeux d'hommes et de femmes de tout âge et de toute condition. Tu as, en faisant ainsi, donné une place héroïque au peuple d'Athènes et je t'en remercie. Tu lui as rendu sa dignité jadis réservée au Dieu. Je veux aussi, reprit Périclès, parler de ton chef d'oeuvre, de ta statue, qui laissera un exceptionnel héritage au monde. La statue chryséléphantine. Elle est la plus belle, la plus resplendissante du monde ! Sa beauté est telle que la regarder avec excès nous brûlerait les yeux. Je te remercie donc d'avoir magnifié notre merveilleuse cité.

Anaxagore interrompit soudainement Périclès. Il dit :

- Phidias, ne penses-tu pas que représenter Périclès et Aspasie sur cette magnifique statue n'est pas un excès d'orgueil ? Certes, comme le dirait le sophiste Protagoras, « l'homme est à la mesure de toute chose », mais je trouve que cette représentation est une forme d'hybris et, de mon point de vue, le peuple a bien fait de s'en étonner.

Phidias se défendant :

- En effet, ma représentation est osée mais pour moi, Périclès et Aspasie expriment l'idéalisme même ! Et il ne faut pas oublier que c'est grâce à Périclès si la ville de la chouette est la patrie de la civilisation humaine.

Anaxagore reprit la parole amusé par les paroles de Phidias :

- Restons-en là. Je voulais te dire, Périclès, de prendre garde que les cités alliées ne trouvent pas sage d'avoir ramené le trésor de la ligue de Délos dans notre cité et, de plus, d'avoir mis cet or sur la statue. Prends garde aussi que le peuple ne te reproche ces dépenses excessives et qu'il les juge inutiles !

Périclès prend alors une brève inspiration et dit d'un ton de voix égal mais assuré :

- Si le peuple me reproche des dépenses excessives, alors je paierai sur ma caisse personnelle. Ces oeuvres seront à ma gloire et non à celle d'Athènes et, si nécessité oblige, nous fondrons la statue. Mais goûtons un peu à ces somptueux plats.

Les esclaves allaient et venaient, ils versaient un excellent vin aromatisé au miel qu'ils prenaient dans un cratère d'argile digne des dieux, superbement décoré. Les meilleures hétaïres choisies par Aspasie dansaient autour des convives au son de l'aulos. Après avoir un peu bu et mangté, Périclès reprit la parole :

- J'aime ta sagesse et ton sens de la mesure. Vous, les sophistes (quoi qu'en disent certains), êtes des hommes sages. Vous faites avancer la société et la faites réfléchir, il existe bien à Athènes quelques mauvais orateurs que le peuple critique, mais pour les bons philosophes, la connaissance, l'observation de la nature, de ce que nous sommes, nous rend libres et capables de nous suffire à nous-mêmes. L'aveuglement et l'ignorance nous rendent esclaves de nos opinions.

Périclès alors s'adressa à Sophocle :

- J'aimerais que tu me parles un peu de tes oeuvres.

- Mes tragédies, mes amis, ne parlent plus seulement des dieux mais elles cherchent à parler aussi des hommes, c'est le miroir où se réfléchissent les angoisses, les difficultés et les audaces des mortels. L'homme n'est plus le jouet des dieux.

Périclès reprit la parole en se levant :

- La démocratie est la puissance d'Athènes. L'humaine condition a trouvé sa place dans les arts comme dans la littérature. L'humain devient la puissance éclairante. Nous avons eu jadis Homère pour nous glorifier mais nous avons maintenant Hérodote et Thucydide qui ont inventé l'histoire. La ville de Pallas est la patrie de la civilisation. Chaque être est en mesure de sacrifier sa vie pour une telle patrie.

Soudain, Aspasie se leva et s'écria :

- Socrate ! Te voilà ! Assieds-toi parmi nous et donne-nous ta pensée sur l'oeuvre de mon ami Périclès...

Socrate dit alors :

- Je sors d'un autre banquet où des sophistes m'ont abreuvé de paroles... Buvons plutôt et amusons-nous !


Guillaume P.

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 14:16

 

Déjà tous les amis les plus intimes de Périclès sont attablés pour commencer le banquet. Des esclaves servent du vin aux invités qui sont allongés sur des longs bancs. Dans le coin de la pièce, les serviteurs mélangent du vin miellé dans un magnifique cratère décoré par l'habile peintre Euphronios. Phidias discute avec Sophocle, tandis que Périclès les rejoint, suivi de l'élégante Aspasie. Les invités se lèvent pour le saluer. Le stratège a une démarche ferme et tranquille. La modestie dans son port, dans son geste et dans son habillement inspire le respect même à ses amis les plus proches. Périclès les invite à s'asseoir. Ils ont tous le regard fixé sur l'Acropole qui est visible à travers le portique sur lequel s'ouvre la pièce dans laquelle ils sont installés. De jeunes hétaïres sélectionnées par Aspasie déambulent autour des convives en jouant un petit air sur leur aulos pendant que les esclaves servent du bon vin aromatisé. La musique s'interrompt et Périclès prend en premier la parole, avec un ton de voix toujours égal :

- Je vous ai réunis pour que l'on parle de l'évolution de ma politique ces vingt dernières années. Athènes s'est couverte de monuments magnifiques. Contemplez l'Acropole, voyez comment Phidias a ébloui tout un peuple. Son incroyable génie a donné vie à la grandeur d'Athènes. Mon ami Anaxagore de Clazomènes nous invite à penser autrement, à trouver une réponse à chacune de nos questions par la force de sa seule réflexion. Sophocle a contribué à enrichir notre connaissance des grands sujets mythologiques dans ses tragédies, lors des Grandes Dionysies, mais il a accordé aux hommes une place importante dans ses sujets.

- Oui, lance Aspasie, mais selon le peuple les hommes prennent trop d'importance dans la tragédie et la piété populaire s'étonne que l'autorité des dieux soit parfois mise en cause. Oedipe dans la dernière pièce de Sophocle, Oedipe Roi, est un rebelle... un tyran !

- Ma chère Aspasie, dit Sophocle, ne faut-il pas introduire le peuple héroïque d'Athènes dans l'action mythologique ? Cette action mythologique s'interrompt pour laisser place à des discussions concernant l'homme et le vouloir de la communauté, elle exprime ses angoisses, ses difficultés et ses interrogations.

- Je n'en pense pas moins, répondit Anaxagore de Clazomènes. Dans la pièce d'un de tes concurrents, Euripide, Iphigénie dit :

« J'offre ma personne à la Grèce. Immolez-la ! Allez détruire Ilion. Voilà le monument qui perpétuera ma mémoire, voilà mes enfants, mon hymen et ma gloire. Aux barbares, il convient que les Grecs commandent et non, ma mère, les barbares aux Grecs ; ceux-là sont des esclaves, et nous des êtres libres. »

- Voilà un bon témoignage de la force qu'inspire notre régime au peuple mais il ne faudrait pas trop contredire nos dieux et nos légendes, dit Périclès. Même si le citoyen doit aussi trouver sa place dans la littérature ! Mais maintenant nous n'avons plus besoin d'un seul Homère pour nous glorifier : Hérodote et Thucydide ont inventé l'histoire !

- Il n'y a pas que dans la littérature que l'humaine condition a trouvé sa place. Les arts aussi se développent, lance Aspasie. Le Parthénon qui est le symbole de la puissance d'Athènes, de sa grandeur, est aussi le modèle de la beauté idéale, des proportions parfaites et de l'extême minutie.

- La minutie du travail des artisans d'Athènes, les lignes courbes, les effets d'optique, les représentations des visages idéalisés donnent à ce style harmonieux un sentiment d'excellence, répondit Sophocle.

- Reste donc modeste, Phidias, un peu de modération, veux-tu. Ne crois-tu pas d'ailleurs que dans toutes tes réalisations tu as commis une erreur, lance Anaxagore de Clazomènes : pourquoi as-tu représenté Périclès et Aspasie sur le socle de la statue chryséléphantine d'Athéna ? Cela est excessif !

Sentant que les esprits des convives s'échauffent, les esclaves font une nouvelle tournée de vin miellé et les jeunes hétaïres s'assoient près des invités.

Mais Périclès reprend la parole et pour défendre son ami il dit :

- Pour toutes ces magnifiques oeuvres, il doit être pardonné. Contemplez la frise des Panathénées, et vous comprendrez qu'il doit être remercié pour ses efforts par le peuple lui-même.

- Toutes ces métopes célèbrent la victoire d'Athènes sur les Perses, dit Sophocle, comment les Olympiens ont battu les géants, comment les Achéens ont battu les Troyens, le peuple des Lapithes a battu les Centaures et Thésée a battu les Amazones. Toutes ces guerres illustrent la victoire de notre démocratie sur la tyrannie, la victoire de l'ordre sur le désordre. Phidias n'a pas représenté que Périclès et Aspasie sur la magnifique frise des Panathénées, il a sculpté tout le peuple athénien libre et joyeux qui vient rendre hommage à la déesse : quatre cents personnes, hommes et femmes, de tout âge et de toute condition, sont représentés.

- Un souffle nouveau, une âme circule dans ces ouvrages qui ne saurait vieillir, répondit Phidias. La démocratie donne du pouvoir à l'homme, moi je lui donne la sereine grâce jusqu'alors réservée aux dieux.

- N'oublions pas aussi de parler de la démocratie, interrompit Périclès. Je suis fier de ce modèle politique et je suis sûr que les cultures à venir s'inspireront de ce genre de régime. L'ostracisme a souvent frappé des personnes qui ont fait briller Athènes : pensez à Thémistocle.

- Rassure-toi, Aspasie, dit Sophocle. Périclès peut impressionner les Athéniens jusqu'à la crainte, et inversement les rassurer et les remettre en confiance, il saura éviter l'ostracisme.

- Parlons plutôt de la philosophie ! lance Anaxagore de Clazomènes. Protagoras a dit ces magnifiques paroles : « L'homme est la mesure de toute chose. »

- Ce Protagoras conçoit le sujet humain comme la puissance éclairante, dit Périclès. L'homme n'est plus le jouet des dieux ou l'élément passif du pouvoir mystérieux de la nature.

- N'oubliez pas mon cher Socrate, lance Aspasie. A travers la maxime qu'il a empruntée au pronaos du temple d'Apollon à Delphes : « Connais-toi toi-même », il fait de la connaissance ou de l'observation de la nature, de ce que nous sommes, le moyen de nous rendre libres et capables de nous suffire à nous-mêmes.

- Les peuples suivants puiseront dans notre pensée, intervient Anaxagore de Clazomènes.

- Oui, dit Sophocle, même la vie quotidienne à Athènes sera une vivante leçon pour les hommes futurs.

- Voilà, dit Périclès, pourquoi Athènes est l'école de la Grèce et pourquoi elle va devenir l'école du monde.

- Cela, grâce à nos ancêtres, qui nous ont permis de vaincre la Perse et donc la barbarie, répond Sophocle.

- Mais la ville de la chouette ne pourrait sans doute pas rester l'Athènes d'aujourd'hui sans que d'autres cités, comme Sparte, ne s'opposent à sa richesse et à sa puissance, confie Périclès. Nous voilà donc de nouveau en guerre. Que les dieux nous viennent en aide ! Buvons, mes amis, et amusons-nous !

La conversation se termine sur ces propos et les hétaïres reprennent leur musique et dansent, et les esclaves se mettent à servir pour la énième fois du vin.


Paul L.D.

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7 octobre 2009 3 07 /10 /octobre /2009 21:25

 

Sujet 2012 (XXIIème année) :

   Romulus a cinquante-quatre ans. "Enorgueilli par sa réussite et plein d'une morgue insupportable, il a perdu ses manières démocratiques et a adopté, à la place, celle d'un tyran, irritant et affligeant tout le monde." (Plutarque, Les Vies parallèles : Romulus, XXVI, 1) Une nuit, Thésée lui apparaît en songe et l'incite à la sagesse et à la clairvoyance. Il lui rappelle comment lui-même avec force et courage a accompli de grands exploits qui auraient pu justifier qu'il règne en maître sur Athènes. Cependant, il explique, en s'appuyant sur de nombreux exemples, comment il a accompli ses exploits pour rendre les hommes plus heureux, meilleurs et plus libres, et comment, devenu monarque à Athènes, il s'est éloigné de la tyrannie et a favorisé le peuple et la naissance d'un esprit plus démocratique.


Sujet 2011 (XXIème année), donné le 26 janvier 2011:

 

 « Cicéron a achevé son plaidoyer De Signis contre Verrès : il affirmera publiquement que ce propréteur est condamnable en tant que prédateur sans scrupules, mais il reconnaît en lui-même qu’il représente aussi l’exemple certes caricatural, mais bien réel, d’un Romain amateur d’art, passionné jusqu'à la folie par tout ce qui est grec. Car lui-même, Cicéron, originaire d’Arpinum, en pays latin profond, n’a-t-il pas lui aussi, quoique d’une tout autre façon, le regard et la pensée formés à l’école et à l’exemple des Grecs ?

Rempli de ces réflexions, il profite d’un passage à Agrigente pour rencontrer quelques amis latins et grecs venus de Syracuse et de Lilybée, et tout en marchant, il leur soumet quelques questions sur les Grecs.

Est-ce que leurs arts, leur science, leur littérature, leurs institutions justifient une telle fascination chez les Romains et les peuples de l’Italie, alors que tant de cités helléniques, surtout en Sicile, ont été le berceau et la proie des tyrannies les plus dures et des guerres les plus horribles, avant que Rome ne vienne imposer sa paix ! Où est donc le barbare ?

   Ensemble, ils cherchent alors à discerner comment a évolué la vieille âme de Rome, que le rude Caton défendait jadis avec intransigeance : était-il possible ou concevable de la préserver ? L’apport hellénique, étranger, est-il un gain, un enrichissement, ou une perte d’identité ? »

 

Sujet 2010 (XXème année), donné le 27 janvier 2010:

   "Vous imaginerez qu'en 430 avant J.-C., Périclès organise un banquet auquel il invite ses plus proches amis, Phidias, Anaxagore de Clazomènes, Aspasie, Sophocle... Au cours de la conversation, chacun évoque ce qui a le plus marqué les dernières décennies, sans oublier de se plaindre des injustes procès dont il est l'objet et de dénigrer les autres célébrités de l'époque. Certains osent même penser qu'ils laisseront un exceptionnel héritage au monde et qu'on ne manquera pas de les imiter !"

Sujet 2009 (XIXème année), donné le 28 janvier 2009 :

   "Quand Jules César se rendit pour la première fois en Egypte, ce fut pour la conquérir. Arrivé à Alexandrie, il s'empresse d'aller au Musée, où l'accueillent le grand prêtre des Muses et le bibliothécaire.
   Tout en découvrant les différentes salles, César interroge ses guides. Vous imaginerez un dialogue dans lequel les hôtes d'Alexandrie présentent leur ville, évoquant les grands noms qui l'ont ennoblie, tandis que César dessine déjà de grands projets..."

 


Retour à la page du concours national de civilisations grecque et romaine

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2 septembre 2009 3 02 /09 /septembre /2009 16:27


Qu'est-ce que "le siècle de Périclès" ? Un siècle d'or que tant d'épigones chercheront à imiter, Auguste à Rome, Philippe II en Espagne, Louis XIV en France, Frédéric II en Prusse, Pierre le Grand en Russie ? Une expression abusive des historiens ? Une conjonction prodigieuse de réussites ?

Il faudrait tout d'abord expliquer ce qu'il fut, pourquoi Athènes devint "l'école de la Grèce", analyser sa puissance hégémonique, le rôle de la Ligue de Délos, se familiariser avec les créations artistiques et intellectuelles restées comme modèles pour l'éternité (Théâtre, Histoire, Philosophie, Architecture, Sculpture, Peinture, Céramique...), s'interroger sur la notion de classicisme et la place de l'Homme "mesure de toute chose", se demander pourquoi ces cinquante années restent attachées au nom d'un homme qui sut s'entourer des meilleurs esprits, ne pas oublier non plus les aspects les moins glorieux, tels que l'esclavage ou l'impérialisme athénien...

Enfin se convaincre que c'est au Ve siècle que s'affirme le discours qui "dit l'Homme" et fait de l'art de raisonner la clé de sa pensée libre ; en effet sans les rhéteurs et les sophistes, les plus grands créateurs n'auraient pas atteint ce degré de perfection qui assura la suprématie d'Athènes et le développement intellectuel qui reste un modèle pour les cultures occidentales.

Roger Massé
Responsable du Concours


Pour commencer les recherches ici même :

- le résumé de la Vie de Périclès de Plutarque

- "Le siècle de Périclès", chapitre 2 de Histoire d'une démocratie : Athènes de Claude Mossé (compte rendu)

- Périclès, l'apogée d'Athènes de Pierre Brulé (compte rendu)

- Le théâtre grec au siècle de Périclès : origines et organisation des concours

- Les institutions démocratiques au temps de Périclès

Quelques pistes pour commencer vos recherches sur Internet...

- l'article "Périclès, siècle de" de l'encyclopédie Microsoft-Encarta en ligne

- Herodote.net : dossier La Grèce antique, pages "Le siècle de Périclès", "Périclès à la tête d'Athènes"

- Musagora : page "Le siècle de Périclès"

- le "siècle de Périclès" replacé dans l'Histoire d'Athènes, par Claude Mossé, professeur d'université et auteur de nombreux ouvrages sur la Grèce et la démocratie

- Wikipedia : la page sur Périclès, la page sur le Parthénon, la page sur l'Acropole, la page sur Aspasie

... et aussi dans les livres :

- Histoire antique n° 21, sept.-oct. 2005, dossier "Périclès, le génie du pouvoir" (Le numéro peut être commandé sur le site du magazine)


- Pierre BRULE, Périclès, l'apogée d'Athènes, Découvertes Gallimard n° 217, 1994
Lisez ici le compte rendu détaillé du livre de Pierre Brulé

- PLUTARQUE, Vie de Périclès : le texte de l'auteur grec présenté, traduit et annoté par Marie-Paule Loicq-Berger sur le site de Bibliotheca Classica Selecta

- PLUTARQUE, Vie de Périclès, traduction ancienne de Dominique Ricard (1830)

Pour les lecteurs adultes ou précoces :

- François CHAMOUX, La civilisation grecque, Arthaud, 1983, pour les grandes lignes de l'Histoire de la Grèce antique

- Robert FLACELIERE, La Grèce au siècle de Périclès, Hachette Littératures, 2008



- Clazude MOSSE, Histoire d'une démocratie : Athènes, Points Histoire H1, Seuil, 1971
  Lire le compte rendu de ce livre

- William ST. CLAIR, Lord Elgin, l'homme qui s'empara des marbres du Parthénon, Macula, 1988 (éd. originale : Oxford University Press, 1967)

Lire le compte rendu de ce livre

- "Le jour où les frises retourneront au Parthénon", article de The Economist publié dans Courrier International n°491, 30 mars 2000

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1 septembre 2009 2 01 /09 /septembre /2009 20:03

 

La mer était belle, à l’image de mon état d’esprit. Mon bateau ne tarda pas à aborder dans ma chère patrie, la Crète, berceau de mon enfance. Déjà, je voyais se profiler à l’horizon les fondations de Phaistos, ma ville natale. Je ne pouvais être envahi d’un plus grand bonheur, vainqueur dans l’épreuve de course à pied, à Olympie. Je tenais dans mes mains la couronne de branches de l’olivier sacré.

En entrant dans le port, je constatai qu’une foule immense s’était réunie là, m’acclamant de tout son cœur. Olympionique, quelle gloire pour ma cité ! Participer aux Jeux Olympiques demande de grandes qualités morales en plus de qualités physiques : force, agilité, courage, caractère, volonté de vaincre sont les vertus indispensables à la victoire. Je savais que pour mes compatriotes je symbolisais la force physique mais aussi la vertu morale, c’était pour moi le plus grand des honneurs. Pour preuve le droit qui m’était accordé d’ériger ma propre statue dans l’Altis, le bois sacré de Zeus à Olympie. Toute la gloire en rejaillirait sur moi-même, ma famille et ma cité puisque nos noms étaient gravés sur celle-ci et nous vouaient ainsi à l’immortalité. Je descendis du bateau, porté en triomphe par la foule des Crétois. Couvert de pétales de fleurs que lançait le peuple, je voyais leur visage rayonnant de bonheur et dans leurs yeux une fierté sans limite. Une grande réception avait été organisée pour fêter ce grand événement. Escorté de tous mes admirateurs, nous arrivâmes sur l’agora où avaient été dressées d’immenses tables couvertes de fleurs. Chacun voulait partager ma victoire et attendait que je fasse le récit de mon aventure.

C’est ainsi que je la leur contai :

« Chers amis, votre accueil m’honore et je vous en remercie de tout cœur. Je rends gloire à mes parents et à ma cité qui m’ont permis d’atteindre ce but en m’enseignant les nobles valeurs indispensables à un Olympionique. Après un mois passé à Elis, afin de parachever mon entraînement, je me suis joint au cortège des athlètes conduit par les Hellanodices, les prêtres et les notables en suivant la Voie Sacrée et nous nous sommes rendus à Olympie, tôt le matin.

Le premier jour fut consacré aux dieux et nous sacrifiâmes un sanglier devant la statue de Zeus Horkias au Bouleuterion. Là, nous jurâmes de suivre les règles des Jeux. Puis, nous procédâmes à l’inscription de nos noms afin d’établir les leucoma, la liste officielle des athlètes.

Le jour suivant, à l’aube, les Jeux débutèrent. Nous entrâmes dans le stade ; les Hellanodices, habillés de pourpre, tenaient le rameau de palmier du vainqueur. Mon émotion était à son comble mais je m’efforçais de rester concentré. La piste était rectangulaire et tous les coureurs prenaient le départ sur une même ligne. Une immense foule de spectateurs assis sur l’herbe nous acclamait. Nous avions une distance de six cents pieds à parcourir. Le héraut nous invita à prendre place sur la balbis. Nous glissâmes nos orteils dans les rainures creusées des dalles. J’étais encadré par un Athénien et un Corinthien. Le Corinthien était souple et léger, je sentais qu’il me donnerait du fil à retordre. J’avais vu l’Athénien s’entraîner, il était plus lourd mais aussi beaucoup plus puissant. Je priais les dieux de me donner les ailes de la victoire. Genoux fléchis, corps penché en avant, je m’élançai à pleine vitesse lorsque l’aphète donna enfin le signal. Je sentais la terre sableuse de la piste voler sous mes pieds. Je pris un peu d’avance sur mes concurrents. Les acclamations des spectateurs me portèrent jusqu’à la victoire. Je fus déclaré vainqueur par un Hellanodice.

Ce jour et le jour suivant, je suivis les épreuves : les courses de char et de chevaux sur l’hippodrome et le pentathlon. Le quatrième jour fut celui de l’hécatombe, cent bœufs ont été sacrifiés. Le cinquième jour, les vainqueurs, dont j’étais, se rendirent à l’autel de Zeus munis de leur rameau de palmier, le doyen des Hellanodices posa alors sur notre tête le kotinos, cette couronne d’olivier que je prisais tant. Je regardais avec fierté la statue de Zeus érigée devant moi. C’était une immense statue d’une dizaine de mètres toute d’or et d’ivoire. En chantant, nous nous rendîmes au Prytanée pour le banquet solennel.

Voilà, mes chers amis, le récit de ma victoire. Je suis comblé de bonheur et d’honneur pour ma cité ainsi que pour ma famille. Ma plus belle récompense sera d’avoir ma propre statue placée aux côtés des dieux ainsi que des plus grands athlètes. Aujourd’hui vous m’accueillez en héros et je suis fier ! Cette aventure m’a permis de comprendre l’importance de cette épreuve et de savoir que c’est par l’effort et la persévérance que l’on arrive au bout de ses vœux. Même si une fragile couronne d’olivier est éphémère, le plaisir de la victoire et la gloire restent éternels. »

 

Marine L.

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