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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 18:02

Voir aussi "La société athénienne"

Les textes suivants sont extraits de François Chatelet, Périclès et son siècle, Editions Complexe, 1990.

 

Le citoyen

 

Lorsque Périclès assure, à partir de 461/460, après l'assassinat d'Éphialtès, la direction du parti démocratique qui est triomphant, le régime athénien a défini ses principes essentiels et les lois de son organisation sont fixées. Le souverain, c'est le peuple dans son ensemble, c'est-à-dire la totalité des citoyens, sans considération de naissance, de fortune ou de fonction. Est citoyen tout homme né de père athénien, qui a atteint l'âge légal de la majorité — dix-huit ans — et qui, ayant subi la vieille cérémonie religieuse d'introduction dans la phratrie, s'est fait inscrire sur le registre civique de son dème. Dès le moment où il acquiert la citoyenneté, l'individu possède deux droits fondamentaux : l'isonomie et l'isègoria. La première disposition lui confère l’habeas corpus : il ne peut être assujetti, même provisoirement; il a les mêmes droits que tous les autres citoyens et ces droits, il peut les défendre grâce à l’isègoria qui lui donne, dans toutes les circonstances, la possibilité de prendre la parole dans les assemblées politiques et judiciaires.

L'Athénien, d'une part, qui est seul maître, a lui-même pour maître la Loi, le Nomos.

Le Nomos possède un caractère sacré.

 

L’Ecclésia

 

Le peuple exerce son pouvoir par l'intermédiaire de l’Ecclésia, l'Assemblée à laquelle tous les citoyens régulièrement inscrits sur les registres des dèmes ont le droit d'assister et qui se réunit officiellement une fois par prytanie, c'est-à-dire dix fois par an. L'Ecclésia possède la puissance souveraine dans tous les domaines importants de la vie de la Cité. En fait, toutes les questions peuvent être mises à son ordre du jour, pourvu qu'elles soient affichées quatre jours avant les séances.

L’assemblée peut décider, par l'application de la loi sur l’ostracisme, instituée par Clisthènes, d'exiler un citoyen. Un citoyen peut, même après qu'une loi a été adoptée, ouvrir une procédure d'accusation en illégalité (la graphé paranomôn) qui peut entraîner, pour l'auteur de la proposition de loi reconnue « anticonstitutionnelle », la peine de mort.

Tout citoyen peut participer à L’Ecclésia, y prendre la parole et voter. La Pnyx, cependant, où se réunissait l'Assemblée depuis Clisthènes, ne rassemblait pas à chacune de ses séances les quelque 30.000 citoyens que comptait l'Attique à l'époque classique. Pour les délibérations importantes 3.000 à 6.000 personnes étaient présentes, semble-t-il; le bureau est composé par les 50 prytanes qui fournissent le président, assisté d'un héraut, et qui sont chargés d'assurer l'ordre et commandent à cet effet une équipe d'archers scythes. Les sacrifices étant accomplis, le héraut donne lecture de l'ordre du jour proposé par le Conseil de l'Assemblée, le président met aux voix cet ordre du jour; en général, le vote a lieu à mains levées ; si nulle contestation n'apparaît, on passe à la discussion de chacun des points ; les motions proposées sont lues par le héraut et à propos de chacune d'elles, chaque participant peut intervenir et faire les amendements et les contre-propositions qu'il juge utiles. Ayant gravi les degrés de la tribune, couronné de myrte, l'intervenant est sacré et a la possibilité de dire ce qui lui convient. Tous les discours ayant été entendus, on passe au vote. Le scrutin a lieu aussi à mains levées. Les prytanes proclament alors le décret (ou la loi), entérinant ainsi la décision et la déclarant légalement recevable.

 

La Boulé

 

L'Ecclésia, organisme souverain, cependant, bien que ses sessions aient été de plus en plus fréquentes, ne pouvait diriger constamment la politique athénienne. Il fallait, en outre, que son travail soit préparé et qu'il puisse statuer sur des projets déjà élaborés. Le rôle de médiation et l'organisation était assuré par le Conseil, la Boulé qui constituait, en fait et en droit, la magistrature suprême. Chacune des dix tribus est représentée par 50 bouleutes. A l'intérieur de chaque dème, on tire au sort les élus qui doivent avoir plus de trente ans. On ne peut être conseiller plus de deux fois et la Boulé est renouvelée chaque année. De la sorte, chaque citoyen qui le désire a les plus grandes chances au cours de sa vie active de participer. L'appartenance au Conseil confère des prérogatives personnelles : un traitement - fort modeste, au moins à l'époque classique, (correspondant à peine à celui d'un petit travailleur manuel) - est adjoint à la fonction; le bouleute, durant l'année de sa charge, est exempt d'obligations militaires et il reçoit des honneurs spéciaux dans la vie publique. Mais, en revanche, il est constamment occupé par sa magistrature et se trouve soumis à de multiples obligations. La Boulé siège tous les jours en séances ordinaires et publiques, sous la présidence du Conseil des Prytanes, et statue sur toutes les affaires importantes.

Afin d'assurer la continuité de son travail et de faciliter sa charge administrative, le Conseil, qui comprenait 500 membres, déléguait à son tour ses pouvoirs au collège des 50 Prytanes. Celui-ci remplissait en somme quotidiennement le rôle que la Boulé avait mensuellement par  rapport à l'Ecclésia : fixation de l'ordre du jour, organisation des délibérations, détermination des points importants, réceptions officielles, charge de « représentations ». L'Assemblée des Prytanes était le Comité directeur de la Boulé. Les 50 représentants de chacune des dix tribus le constituaient à tour de rôle pendant un mois et désignaient parmi eux, par tirage au sort, chaque jour, le Prytane épistate.

 

DK

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