Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 19:28

Compte rendu du chapitre I de

Magna Grecia : Les colonies grecques dans l'Italie antique, de Pier Giovanni Guzzo,

par Thierry LE PEUT

 

Des récits mythiques et épiques évoquent le passage de héros grecs (Héraclès, Ulysse, Jason…) dans la Grande Grèce bien avant l’arrivée des colons. Ces récits relèvent d’une culture d’autocélébration utilisée par les auteurs italiotes pour magnifier leurs cités. Ils témoignent que, pour les Grecs, toutes les populations indigènes sont plus ou moins de souche grecque ou issues de branches éloignées ayant émigré de Grèce, voire de Troie, vers l’Italie. Ces récits font remonter la présence grecque en Italie du sud au IIe millénaire avant J.-C.

 

Pithécusses et Cumes sont les premiers sites de peuplement grec.

 

Pithécusses, sur l’île d’Ischia, fut fondée avant le milieu du VIIIe siècle et entretint des relations avec les populations de Campanie et les cités étrusques. On y trouvait les fonderies de Mazzola, dont le fer provenait de l’île d’Elbe. De nombreux récipients en céramique peinte ont été retrouvés dans les nécropoles de la terre ferme (à Pontecagno, dans la vallée du Sarno, à Capoue, à San Montano).

 

Cumes fut fondée sur la terre ferme après le développement de Pithécusses, sur une colline, au-dessus d’un port. On n’en connaît aujourd’hui que la nécropole, où l’on a retrouvé nombre de sépultures et de tombeaux où étaient déposées les cendres de notables. Ces sépultures sont du même genre que celles retrouvées à Erétrie, en Eubée.

 

Pouzzoles fut créée par les habitants de Cumes. En –531, des exilés de Samos, fuyant la tyrannie de Polycrate, la baptisent Dicéarchie, « cité de la justice ».

 

Parthénopé (future Naples) suivra (on en connaît la nécropole située sur la colline de Pizzofalcone). Ainsi que Zancle (« faux » pour les Sicules, référence à la forme de son port) et Rhegion (« promontoire », « cap » selon Strabon).

 

Les Achéens fondent plusieurs colonies.

 

Sybaris (dont le site est protégé par les embouchures du Crathis et du Sybaris, et dont on connaît des céramiques datant du VIIIe siècle), Crotone (à l’embouchure de l’Esaro, sur un promontoire, et dont l’oikistès se nommait Myskellos) et Métaponte (fondée vers –630 à l’embouchure du Basento) connaissent un grand dynamisme commercial. Les colons de ces trois cités fondent à leur tour d’autres colonies pour étendre le territoire qu’elles cultivent et contrôlent.

 

Crotone encourage la fondation de la sous-colonie Caulonia.

 

Sybaris fonde Poseidonia, où elle envoie la partie non achéenne de sa population (originaire de Trézène en Argolide) et qui contrôle la plaine fertile dont elle a chassé les autochtones. Au nord, le fleuve Sélé marque la frontière avec les Etrusques, et là se dresse l’Heraion fondé par Jason revenant de Colchide. Laos et Skydros sont également fondées par Sybaris.

 

Sybaris occupe une position de pouvoir : elle domine « quatre peuples et vingt-cinq cités », frappe sa propre monnaie, exporte ses produits. Elle prélève des matières premières comme le cuivre, l’argent, le bois, ainsi que des produits agricoles mais aussi des esclaves pour approvisionner les marchés de la Grèce.

 

Siris, fondée par les colons lydiens vers –670, développe elle aussi une activité commerciale importante qui inquiète Sybaris.

 

Locri (Locres), fondée par les gens de Locride vers la fin du VIIIe et le début du VIIe siècle, fonde les sous-colonies Hipponion et Medma qui lui feront plus tard la guerre pour gagner leur autonomie économique et politique.

 

Tarente est fondée à la fin du VIIIe siècle par les Parthéniens, enfants de Spartiates non reconnus comme tels, nés au cours de l’une des deux guerres de Sparte contre Messène, et qui furent envoyés outre-mer car ils n’avaient pas leur place dans la cité-mère. La ville connaîtra des conflits avec les Messapiens, des autochtones, et Hérodote parlera à ce sujet de la défaite « la plus sanglante subie par les Grecs ».

 

L’apogée de la Grande Grèce se situe aux VIe et Ve siècles. En –510, Sybaris est vaincue par une coalition dirigée par Crotone, cité réformée par Pythagore selon d’austères préceptes moraux. Pythagore avait fui la tyrannie de Polycrate à Samos. Exilé à Crotone, il y fonda des communautés philosophiques et politiques. Chassé par l’opposition, il se réfugiera à Métaponte où il mourra au début du Ve siècle.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires