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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 15:32

 

On découvrit d’abord les deux théâtres, ensuite le temple d’Isis et celui d’Esculape, la maison de campagne d’Arrius Diomédès, et plusieurs tombeaux. Durant le temps que Naples fut gouverné par un roi sorti des rangs de l’armée française, les murailles de la ville, la rue des tombeaux, plusieurs vues de l’intérieur de la ville, la basilique, l’amphithéâtre et le forum furent découverts. Le roi de Naples a fait continuer les travaux ; et comme les fouilles sont conduites avec beaucoup de régularité et se font dans le louable dessein de découvrir la ville plutôt que de chercher des trésors enfouis, chaque jour ajoute aux connaissances déjà acquises sur cet objet, si intéressant et presque inépuisable.

La ville de Pompéi, située à peu près à quatorze milles au sud-est de Naples, était bâtie en partie sur une éminence qui dominait une plaine fertile, et qui s’est considérablement accrue par l’immense quantité de matières volcaniques dont le Vésuve l’a recouverte. Les murailles de la ville et les murs de ses édifices ont retenu dans leur enceinte toutes les matières que le volcan y vomissait, et empêché les pluies de les emporter ; de sorte que l’étendue de ces constructions est très distinctement marquée par le monticule qu’ont formé l’amas des pierres ponces et l’accumulation graduelle de terre végétale qui le couvrent.

L’éminence sur laquelle Pompéi fut bâtie doit avoir été formée à une époque très reculée ; elle est composée de produits volcaniques vomis par le Vésuve.

On a conjecturé que la mer avait autrefois baigné les murs de Pompéi, et qu’elle venait jusqu’à l’endroit où passe aujourd’hui le chemin de Salerne. Strabon dit en effet que cette ville servait d’arsenal maritime à plusieurs villes de la Campanie, ajoutant qu’elle est près du Sarno, fleuve sur lequel les marchandises peuvent descendre et remonter.

Plusieurs faits que l’on observe à Pompéi sembleraient incompréhensibles si l’on ne se rappelait pas que la destruction de cette ville a été l’ouvrage de deux catastrophes distinctes : l’une en l’an 63 de J.C., par un tremblement de terre ; l’autre, seize ans plus tard, par une éruption du Vésuve. Ses habitants commençaient à réparer les dommages causés par la première, lorsque les signes précurseurs de la seconde les forcèrent d’abandonner un lieu qui ne tarda pas à être enseveli sous un déluge de cendres et de matières volcaniques.

Cependant des débris d’ouvrages en briques indiquaient sa position. Il conserva, sans doute pendant longtemps, un reste de population dans son voisinage, puisque Pompéi est indiqué dans l’ Ititiéraire d’Antonin et sur la carte de Peutinger. Au XIIIe siècle, les comtes de Sarno firent creuser un canal dérivé du Sarno ; il passait sous Pompéi, mais on ignorait sa position ; enfin, en 1748, un laboureur ayant trouvé une statue en labourant son champ, cette circonstance engagea le gouvernement napolitain à ordonner des fouilles.

À l’époque des premiers travaux, on versait dans la partie que l’on venait de déblayer les décombres que l’on retirait de celle que l’on s’occupait de découvrir ; et, après qu’on en avait enlevé les peintures à fresque, les mosaïques et autres objets curieux, on comblait de nouveau l’espace débarrassé : aujourd’hui l’on suit un système différent.

Quoique les fouilles n’aient pas offert de grandes difficultés par le peu d’efforts que le terrain exige pour être creusé, il n’y a pourtant qu’une septième partie de la ville de déterrée. Quelques rues sont de niveau avec le grand chemin qui passe le long des murs, dont le circuit est d’environ seize cents toises.

En arrivant par Herculanum, le premier objet qui frappe l’attention est la maison de campagne d’Arrius Diomédès, située dans le faubourg. Elle est d’une très jolie construction, et si bien conservée quoiqu’il y manque un étage, qu’elle peut donner une idée exacte de la manière dont les anciens distribuaient l’intérieur de leurs demeures. Il suffirait d’y ajouter des portes et des fenêtres pour la rendre habitable ; plusieurs chambres sont très petites, le propriétaire était cependant un homme opulent. Dans d’autres maisons de gens moins riches, les chambres sont encore plus petites. Le plancher de la maison d’Arrius Diomédès est en mosaïques ; tous les appartements n’ont pas de fenêtres, plusieurs ne reçoivent du jour que par la porte. On ignore quelle est la destination de beaucoup de petits passages et de recoins. Les amphores qui contenaient le vin sont encore dans la cave, le pied posé dans le sable, et appuyées contre le mur.

La rue des tombeaux offre, à droite et à gauche, les sépultures des principales familles de la ville ; la plupart sont de petite dimension, mais construites avec beaucoup de goût.

Les rues de Pompéi ne sont pas larges, n’ayant que quinze pieds d’un côté à l’autre, et les trottoirs les rendent encore plus étroites ; elles sont pavées en pierre de lave grise et de formes irrégulières, comme les anciennes voies romaines : on y voit encore distinctement la trace des roues. Il ne reste aux maisons qu’un rez-de-chaussée, mais les débris font voir que quelques-unes avaient plus d’un étage ; presque toutes ont une cour intérieure, au milieu de laquelle est un impluvium ou réservoir pour l’eau de pluie, qui allait ensuite se rendre dans une citerne contiguë. La plupart des maisons étaient ornées de pavés mosaïques, et de parois généralement peintes en rouge, en bleu et en jaune. Sur ce fond, l’on avait peint de jolies arabesques et des tableaux de diverses grandeurs. Les maisons ont généralement une chambre de bains, qui est très commode ; souvent les murs sont doubles, et l’espace intermédiaire est vide : il servait à préserver la chambre de l’humidité.

Les boutiques des marchands de denrées, liquides et solides, offrent des massifs de pierre souvent revêtus de marbre, et dans lesquels les vaisseaux qui contenaient les denrées étaient maçonnés.

On a pensé que le genre de commerce qui se faisait dans quelques maisons était désigné par des figures qui sont sculptées sur le mur extérieur ; mais il paraît que ces emblèmes indiquaient plutôt le génie sous la protection duquel la famille était placée.

Les fours et les machines à moudre le grain font connaître les boutiques des boulangers. Ces machines consistent en une pierre à base ronde ; son extrémité supérieure est conique et s’adapte dans le creux d’une autre pierre qui est de même creusée en entonnoir dans sa partie supérieure : on faisait tourner la pierre d’en haut par le moyen de deux anses latérales que traversaient des barres de bois. Le grain, versé dans 1’entonnoir supérieur tombait par un trou entre l’entonnoir renversé et la pierre conique. Le mouvement de rotation le réduisait en farine.

Les édifices publics, tels que les temples et les théâtres, sont en général les mieux conservés, et par conséquent ce qu’il y a jusqu’à présent de plus intéressant dans Pompéi.

Le petit théâtre, qui, d’après des inscriptions, servait aux représentations comiques, est en bon état ; il peut contenir quinze cents spectateurs : il y a dans le grand de la place pour plus de six mille personnes.

De tous les amphithéâtres anciens, celui de Pompéi est un des moins dégradés. En enlevant les décombres, on y a trouvé, dans des corridors qui font le tour de l’arène, des peintures qui brillaient des couleurs les plus vives ; mais à peine frappées du contact de l’air extérieur, elles se sont altérées. On aperçoit encore des vestiges d’un lion, et un joueur de trompette vêtu d’un costume bizarre. Les inscriptions qui avaient rapport aux différents spectacles sont un monument très curieux.

On peut suivre sur le plan les murailles de la ville ; c’est le meilleur moyen de se faire une idée de sa forme et de son étendue.

" Ces remparts, dit M. Mazois, étaient composés d’un terre-plein terrasse et d’un contre-mur ; ils avaient quatorze pieds de largeur, et l’on y montait par des escaliers assez spacieux pour laisser passage à deux soldats de front. Ils sont soutenus, du côté de la ville, ainsi que du côté de la campagne, par un mur en pierre de taille. Le mur extérieur devait avoir environ vingt-cinq pieds d’élévation ; celui de l’intérieur surpassait le rempart en hauteur d’environ huit pieds. L’un et l’autre sont construits de l’espèce de lave qu’on appelle piperino, à l’exception de quatre ou cinq premières assises du mur extérieur, qui sont en pierre de roche ou travertin grossier. Toutes les pierres en sont parfaitement bien jointes : le mortier est en effet peu nécessaire dans les constructions faites avec des matériaux d’un grand échantillon. Ce mur extérieur est partout plus ou moins incliné vers le rempart ; les premières assises sont, au contraire, en retraite l’une sur l’autre.

" Quelques-unes des pierres, surtout celles de ces premières assises, sont entaillées et encastrées l’une dans l’autre de manière à se maintenir mutuellement. Comme cette façon de construire remonte à une haute antiquité, et qu’elle semble avoir suivi les constructions pélasgiques ou cyclopéennes, dont elle conserve quelques traces, on peut conjecturer que la partie des murs de Pompéi bâtie ainsi, est un ouvrage des Osques, ou du moins des premières colonies grecques qui vinrent s’établir dans la Campanie.

" Les deux murs étaient crénelés de manière que vus du côté de la campagne ils présentaient l’apparence d’une double enceinte de remparts.

" Ces murailles sont dans un grand désordre, que l’on ne peut pas attribuer uniquement aux tremblements de terre qui précédèrent l’éruption de 79. Je pense, ajoute M. Mazois, que Pompéi a dû être démantelé plusieurs fois ; comme le prouvent les brèches et les réparations qu’on y remarque. Il paraît même que ces fortifications n’étaient plus regardées depuis longtemps comme nécessaires, puisque du côté où était le port les habitations sont bâties sur les murs, que l’on a en plusieurs endroits abattus à cet effet.

" Ces murs sont surmontés de tours, qui ne paraissent pas d’une si haute antiquité : leur construction indique qu’elles sont du même temps que les réparations faites aux murailles ; elles sont de forme quadrangulaire, servent en même temps de poterne, et sont placées à des distances inégales les unes des autres.

" Il paraît que la ville n’avait pas de fossés, au moins du côté où l’on a fouillé ; car les murs, en cet endroit, étaient assis sur un terrain escarpé. "

On voit que par leur genre de construction les remparts sont les monuments qui résisteront le mieux à l’action du temps. Malgré l’attention extrême avec laquelle on a cherché à conserver ceux qui ont été découverts, l’exposition à l’air, dont ils ont été préservés depuis si longtemps, les a endommagés. Les pluies d’hiver, extrêmement abondantes dans l’Europe méridionale, font pénétrer graduellement l’humidité entre les briques et leur revêtement. Il y croît des mousses, puis des plantes qui déjoignent les briques. Pour éviter la dégradation on a couvert les murs avec des tuiles, et placé des toits au-dessus des édifices.

Le plan indique cinq portes, désignées chacune par un nom qui n’a été donné que depuis la découverte de la ville, et qui n’est fondé sur aucun monument. La porte de Nola, la plus petite de toutes, est la seule dont l’arcade soit conservée. La porte la plus proche du forum, ou quartier des soldats, est celle par laquelle on entre : elle a été construite d’après l’antique.

Quelques personnes avaient pensé qu’au lieu d’enlever de Pompéi les divers objets que l’on y a trouvés, et d’en former un muséum à Portici, l’on aurait mieux fait de les laisser à leur place, ce qui aurait représenté une ville ancienne avec tout ce qu’elle contenait. Cette idée est spécieuse, et ceux qui la proposaient n’ont pas réfléchi que beaucoup de choses se seraient gâtées par le contact de l’air, et qu’indépendamment de cet inconvénient on aurait couru le risque de voir plusieurs objets dérobés par des voyageurs peu délicats ; c’est ce qui n’arrive que trop souvent. Il faudrait, pour songer même à meubler quelques maisons, que l’enceinte de la ville fût entièrement déblayée, de manière à être bien isolée, et à ne pas offrir la facilité d’y descendre de dessus les terrains environnants ; alors on fermerait les portes, et Pompéi ne serait plus exposé à être pillé par des pirates terrestres.

L’on n’a eu dessein dans cette Notice que de donner une idée succincte de l’état des fouilles de Pompéi en 1817. Pour bien connaître ce lieu remarquable, il faut consulter le bel ouvrage de M. Mazois [Ruines de Pompéi, in-fol. (N.d.A.)]. L’on trouve aussi des renseignements précieux dans un livre que M. le comte de Clarac, conservateur des antiques, publia étant à Naples. Ce livre, intitulé Pompéi, n’a été tiré qu’à un petit nombre d’exemplaires, et n’a pas été mis en vente. M. de Clarac y rend un compte très instructif de plusieurs fouilles qu’il a dirigées.

Il est d’autant plus nécessaire de ne consulter sur cet objet intéressant que des ouvrages faits avec soin, que trop souvent des voyageurs, ou même des écrivains qui n’ont jamais vu Pompéi, répètent avec confiance les contes absurdes débités par les ciceroni. Quelques journaux quotidiens de Paris ont dernièrement transcrit un article du Courrier de Londres, dans lequel M. W... abusait étrangement du privilège de raconter des choses extraordinaires. Il était question, dans son récit, d’argent trouvé dans le tiroir d’un comptoir, d’une lance encore appuyée contre un mur, d’épigrammes tracées sur les colonnes du quartier des soldats, de rues toutes bordées d’édifices publics.

Ces niaiseries ont engagé M. M..., qui a suivi pendant douze ans les fouilles de Pompéi, à communiquer au Journal des Débats, du 18 février 1821, des observations extrêmement sensées.

" Il est sans doute permis, dit M. M..., à ceux qui visitent Pompéi d’écouter tous les contes que font les ciceroni ignorants et intéressés, afin d’obtenir des étrangers qu’ils conduisent quelques pièces de monnaie ; il est même très permis d’y ajouter foi, mais il y a plus que de la simplicité à les rapporter naïvement comme des vérités et à les insérer dans les journaux les plus répandus.

" La relation de M. W... me rappelle que le chevalier Coghell, ayant vu au Muséum de la reine de Naples des artoplas, ou tourtières pour faire cuire le pain, les prit pour des chapeaux, et écrivit à Londres qu’on avait trouvé à Pompéi des chapeaux de bronze extrêmement légers.

" Les fouilles de Pompéi sont d’un intérêt trop général, les découvertes qu’elles procurent sont trop précieuses sous le rapport de l’histoire de l’art et de la vie privée des anciens, pour qu’on laisse publier des relations niaises et erronées, sans avertir le public du peu de foi qu’elles méritent. "

Lettre de M. Taylor à M. C. Nodier sur les villes de Pompéi et d’Herculanum.

" Herculanum et Pompéi sont des objets si importants pour l’histoire de l’antiquité, que pour bien les étudier il faut y vivre, y demeurer.

" Pour suivre une fouille très curieuse je me suis établi dans la maison de Diomède ; elle est à la porte de la ville, près de la voie des tombeaux, et si commode, que je l’ai préférée aux palais qui sont près du forum. Je demeure à côté de la maison de Salluste.

" On a beaucoup écrit sur Pompéi, et l’on s’est souvent égaré. Par exemple, un savant, nommé Matorelli, fut employé pendant deux années à faire un mémoire énorme pour prouver que les anciens n’avaient pas connu le verre de vitre, et quinze jours après la publication de son in-folio on découvrit une maison où il y avait des vitres à toutes les fenêtres. Il est cependant juste de dire que les anciens n’aimaient pas beaucoup les croisées ; le plus communément le jour venait par la porte ; mais enfin chez les patriciens il y avait de très belles glaces aux fenêtres, aussi transparentes que notre verre de Bohême, et les carreaux étaient joints avec des listels de bronze de bien meilleur goût que nos traverses en bois.

" Un voyageur de beaucoup d’esprit et de talent, qui a publié des lettres sur la Morée, et un grand nombre d’autres voyageurs, trouvent extraordinaire que les constructions modernes de l’Orient soient absolument semblables à celles de Pompéi. Avec un peu de réflexion, cette ressemblance paraîtrait toute naturelle. Tous les arts nous viennent de l’Orient ; c’est ce qu’on ne saurait trop répéter aux hommes qui ont le désir d’étudier et de s’éclairer.

" Les fouilles se continuent avec persévérance et avec beaucoup d’ordre et de soin : on vient de découvrir un nouveau quartier et des thermes superbes. Dans une des salles, j’ai particulièrement remarqué trois sièges en bronze, d’une forme tout à fait inconnue, et de la plus belle conservation. Sur l’un d’eux était placé le squelette d’une femme, dont les bras étaient couverts de bijoux, en outre des bracelets d’or, dont la forme était déjà connue ; j’ai détaché un collier qui est vraiment d’un travail miraculeux. Je vous assure que nos bijoutiers les plus experts ne pourraient rien faire de plus précieux ni d’un meilleur goût.

" Il est difficile de peindre le charme que l’on éprouve à toucher ces objets sur les lieux mêmes où ils ont reposé tant de siècles, et avant que le prestige ne soit tout à fait détruit. Une des croisées était couverte de très belles vitres, que l’on vient de faire remettre au musée de Naples.

" Tous les bijoux ont été portés chez le roi. Sous peu de jours ils seront l’objet d’une exposition publique.

" Pompéi a passé vingt siècles dans les entrailles de la terre ; les nations ont passé sur son sol ; ses monuments sont restés debout, et tous ses ornements intacts. Un contemporain d’Auguste, s’il revenait, pourrait dire : " Salut, ô ma patrie ! ma demeure est la seule sur la terre qui ait conservé sa forme, et jusqu’aux moindres objets de mes affections.. Voici ma couche ; voici mes auteurs favoris. Mes peintures sont encore aussi fraîches qu’au jour où un artiste ingénieux en orna ma demeure. Parcourons la ville, allons au théâtre ; je reconnais la place où pour la première fois j’applaudis aux belles scènes de Térence et d’ Euripide.

" Rome n’est qu’un vaste musée ; Pompéi est une antiquité vivante. "

 

Note

Non seulement on m’avait dit que ce tombeau existait, mais j’avais lu les circonstances de ce que je rapporte ici dans je ne sais plus quel voyageur. Cependant les raisons suivantes me font douter de la vérité des faits :

l° Il me paraît que Scipion, malgré les justes raisons de plainte qu’il avait contre Rome, aimait trop sa patrie pour avoir voulu qu’on gravât cette inscription sur son tombeau : cela semble contraire à tout ce que nous connaissons du génie des anciens.

2° L’inscription rapportée est conçue presque littéralement dans les termes de l’imprécation que Tite-Live fait prononcer à Scipion en sortant de Rome : ne serait-ce pas là la source de l’erreur ?

3° Plutarque raconte que l’on trouva près de Gaète une urne de bronze dans un tombeau de martre, où les cendres de Scipion devaient avoir été renfermées, et qui portait une inscription très différente de celle dont il s’agit.

4° L’ancienne Literne ayant pris le nom de Patria, cela a pu donner naissance à ce qu’on a dit du mot patria, resté seul de toute l’inscription du tombeau. Ne serait-ce pas, en effet, un hasard fort singulier que le lieu se nommât Patria, et que le mot patria se trouvât aussi sur le monument de Scipion ? à moins que l’on ne suppose que l’un a pris son nom de l’autre.

Il se peut faire toutefois que des auteurs que je ne connais pas aient parlé de cette inscription de manière à ne laisser aucun doute : il y a même une phrase dans Plutarque qui semble favorable à l’opinion que je combats. Un homme du plus grand mérite, et qui m’est d’autant plus cher qu’il est fort malheureux (M. Bertin l’aîné, que je puis nommer aujourd’hui. Il était alors exilé et persécuté par Buonaparte, pour son dévouement à la maison de Bourbon.), a fait, presque en même temps que moi, le voyage de Patria. Nous avons souvent causé ensemble de ce lieu célèbre ; je ne suis pas bien sûr qu’il m’ait dit avoir vu lui-même le tombeau et le mot (ce qui trancherait la difficulté), ou s’il m’a seulement raconté la tradition populaire. Quant à moi, je n’ai point trouvé le monument, et je n’ai vu que les ruines de la villa, qui sont très peu de chose.

Plutarque parle de l’opinion de ceux qui plaçaient le tombeau de Scipion auprès de Rome ; mais ils confondaient évidemment le tombeau des Scipions et le tombeau de Scipion. Tite-Live affirme que celui-ci était à Literne, qu’il était surmonté d’une statue, laquelle fut abattue par une tempête, et que lui, Tite-Live, avait vu cette statue. On savait d’ailleurs par Sénèque, Cicéron et Pline, que l’autre tombeau, c’est-à-dire celui des Scipions, avait existé en effet à une des portes de Rome. Il a été découvert sous Pie VI ; on en a transporté les inscriptions au musée du Vatican ; parmi les noms des membres de la famille des Scipions trouvés dans le monument, celui de l’Africain manque. (N.d.A.)

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