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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 11:57

 

4 janvier

 

À Pouzzoles, j’ai examiné le temple des Nymphes, la maison de Cicéron, celle qu’il appelait la Puteolane, d’où il écrivit souvent à Atticus, et où il composa peut-être sa seconde Philippique. Cette villa était bâtie sur le plan de l’Académie d’Athènes : embellie depuis par Velus, elle devint un palais sous l’empereur Adrien, qui y mourut en disant adieu à son âme.

Animula vagula, blandula,

Hospes comesque corporis, etc. 1

Il voulut qu’on mît sur sa tombe qu’il avait été tué par les médecins :

Turba medicorum regem interfecit. 2

La science a fait des progrès.

À cette époque, tous les hommes de mérite étaient philosophes, quand ils n’étaient pas chrétiens.

Belle vue dont on jouissait du Portique : un petit verger occupe aujourd’hui la maison de Cicéron ;

Temple de Neptune et tombeaux.

La Solfatare, champ de soufre. Bruit des fontaines d’eau bouillante ; bruit du Tartare pour les poètes.

Vue du golfe de Naples en revenant : cap dessiné par la lumière du soleil couchant ; reflet de cette lumière sur le Vésuve et l’Apennin ; accord ou harmonie de ces feux et du ciel. Vapeur diaphane à fleur d’eau et à mi-montagne. Blancheur des voiles des barques rentrant au port. L’île de Caprée au loin. La montagne des Camaldules avec son couvent et son bouquet d’arbres au-dessus de Naples. Contraste de tout cela avec la Solfatare. Un Français habite sur l’île où se retira Brutus. Grotte d’Esculape. Tombeau de Virgile, d’où l’on découvre le berceau du Tasse.



Notes  (par TLP) :

1. Hadrien, près de mourir, auraut composé ces vers rapportés dans Histoire Auguste, Vie d'Hadrien par Aelius Spartianus. Voici les cinq vers rapportés par Spartianus et leur traduction par André Chastagnol (Robert Laffont, coll. Bouquins, édition bilingue, 1994) :

Animula vagula blandula,
Hospes comesque corporis,
Quae nunc abibis in loca
Pallidula rigida nudula
Nec, ut soles, dabis iocos !

Traduction d'A. Chastagnol :
Amelette vaguelette, calinette,
hôtesse et compagne de mon corps,
qui maintenant t'en vas vers des lieux
livides, glacés et dénudés,
tu ne lanceras plus tes habituelles plaisanteries !

Le poète Ronsard (1524-1585) s'inspira de ces vers (autour de 1550) :
Amelette, ronsardelette,
Mignonnelette, doucelette,
Très chère hôtesse de mon corps,
Tu descends là-bas, faiblelette,
Pâle, maigrelette, seulette,
Dans le froid royaume des morts ;
Toutefois simple, sans remords
De meurtre, poison et rancune
Méprisant faveurs et trésors,
Tant enviés par la commune.
Passant, j'ai dit, suis ta fortune,
Ne trouble mon repos, je dors.

(En français de l'époque :
Amelette Ronsardelette,
Mignonnelette doucelette,
Treschere hostesse de mon corps,
Tu descens là bas foiblelette,
Pasle, maigrelette, seulette,
Dans le froid Royaume des mors :
Toutesfois simple, sans relors
De meurtre, poison, ou rancune,
Méprisant faveurs et tresors
Tant enviez par la commune.
Passant, j'ay dit, suy ta fortune
Ne trouble mon repos, je dors
.)

Maurice Ravel (1875-1937) composa en 1923-1924 un chant pour voix avec piano sur ce texte de Ronsard.

Marguerite Yourcenar (1903-1987) place les vers d'Hadrien en exergue de ses Mémoires d'Hadrien (Plon, 1958).


2. C'est Dion Cassius, dans son Histoire romaine, Livre LXIX, 22, 4, qui rapporte qu'Hadrien mourut en prononçant ce proverbe. La phrase apparaît en latin chez Agrippa de Nettesheim (1486-1535), De Medicina Operatrice, LXXXIII : "Illud etiam moribundi jam Adriani dictum : Medicorum rurba principem perdidit." (Aussi, ce proverbe d'Hadrien moribond : L'excès de médecins a tué l'empereur.) En grec : πολλοὶ ἰατροὶ βασιλέα ἀπώλεσαν.

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